Par Emmanuel Commissaire - e. commissaire@sudouest. fr Publié le 18/04/2021 à 17h07 Mis à jour le 18/04/2021 à 17h09
Pierre Rousseau, habitant à Montussan, projette de participer en moto électrique à « The Green expedition », un raid écologique et solidaire menant au Maroc.
Itinéraire d'un passionné
Dans sa catégorie, c'est un pionnier. Certes, il ne risque pas de croiser un cachalot ou un iceberg. Son épopée sera terrestre. Aucun danger non plus de tomber en panne d'essence, puisque son « road trip » s'effectuera en moto électrique. Pierre Rousseau, 32 ans, ambitionne de participer du 17 au 25 septembre à un rallye à vocation écologique et solidaire baptisé « The green expedition », qui, après un prologue au Futuroscope, conduira les concurrents de Toulouse à Cap Juby, au Maroc, épousant le trajet de l'Aéropostale.
Il n'y aura aucun véhicule thermique. Ce sera la troisième édition. Vingt équipages sont attendus en voiture, plus dix « motards électriques ». Ce mode de locomotion en passe de se démocratiser le passionne : « La moto ne m'avait jamais attiré », assure-t-il pourtant. Avant d'acheter il y a cinq ans un modèle de la marque californienne Zero Motorcycles, son expérience des deux-roues s'arrêtait au scooter. Travaillant à l'époque dans un restaurant des Chartrons, à Bordeaux, il avait franchi le pas pour des raisons pratiques, demeurant à Montussan. « Aujourd'hui, j'ai 66 000 kilomètres au compteur », indique-t-il. Et des rêves d'évasion jusqu'aux portes du désert, à bord de cet engin « performant et super silencieux ». Une aventure des temps modernes. « Il faut planifier son itinéraire, repérer les bornes. On n'y va pas à l'aveugle »
L'écueil serait de se retrouver avec une batterie à plat, faute de borne de recharge à l'horizon. Il existe une application qui affiche tous les points de ravitaillement électrique possibles. « Mais il faut toujours prévoir une solution B, prévient-il. Plutôt que d'opter pour un parcours sur lequel on ne rencontrera qu'une seule borne, mieux vaut choisir un chemin plus long de dix kilomètres, mais avec trois ou quatre bornes autour. Une borne peut être occupée, ou hors d'usage. Des amis, un été, y ont trouvé un nid de frelons, dans les trous. Sur une moto thermique, on peut toujours emmener un jerrican d'essence. Là, il faut planifier son itinéraire, repérer les bornes. On n'y va pas à l'aveugle ».
Les organisateurs osent même l'analogie avec la « course au large ».
L'idée, et leur plaisir, sera d'emprunter les routes nationales, hormis durant le transit via l'Espagne, qui comprend une portion d'autoroute. Au Maroc, où « The Green expedition » contribuera à l'implantation de bibliothèques et de salles multimédias dans des écoles rurales, un des partenaires de cet « écoraid » installera des bornes provisoires tous les 200 kilomètres environ. C'est l'une des originalités de l'opération.
Un appel aux sponsors
À la recherche de sponsors, Pierre Rousseau s'est lancé dans ce projet par pur enthousiasme, sans lien avec un quelconque constructeur : « Mon but est de montrer qu'avec ma moto de tous les jours je peux faire quotidiennement plus de 400 km ». Mais avec des adaptations techniques quand même. Un chargeur, soit embarqué, soit intégré à certains types de bornes, est nécessaire pour convertir le courant alternatif en courant continu, celui stocké dans les batteries. Pour se rendre à son travail, Pierre Rousseau rechargeait la nuit chez lui. « Cela prend huit heures pour passer de 0 à 100 %, explique-t-il. Mais en général, il me reste 50 % en fin de journée. À l'heure du repas par exemple, on peut mettre la batterie à recharger. On dit biberonner. » Comme pour un smartphone. Mais pour un périple de 3 000 km (sans compter le retour), une autre méthode s'impose. Il lui faudra un chargeur supplémentaire sous le carénage, plus rapide, afin de pouvoir faire le plein d'électricité aux bornes « en une heure ». Cela a un coût. « J'ai dans les 160 kilomètres d'autonomie sur voie rapide avec ma batterie de 13 kWh, estime-t-il. Pour aller à Bordeaux, je ne fais pas attention à ma consommation. Mais là, je roulerai aux alentours de 90 km/h. La plus longue étape est de 479 km. En trois charges, voire quatre, on y arrive. »
Au pire des cas, avant de rallier Casablanca, il pourra toujours sonner chez un particulier. « Cela m'est arrivé deux ou trois fois de me faire surprendre pendant une balade, avoue-t-il. Il me manquait 10 % de charge ». Encore faudrait-il ne pas tourner en rond dans une zone peu habitée. « Il n'y aura pas de hors-piste, précise-t-il. Ce n'est pas le Dakar. »
Obi-Wan Kenobi Pour résumer l'état d'esprit de « The Green expedition », Pierre Rousseau fait référence à « Obi-Wan Kenobi », ou plutôt à l'un des acteurs qui incarne ce personnage dans la sage « Star Wars ». Ewan McGregor et son meilleur ami ont sillonné l'Amérique du Sud et l'Amérique centrale à bord de leurs Harley-Davidson électriques, voyage qui a donné lieu à une série documentaire.
Pierre Rousseau a opté pour la moto électrique il y a cinq ans. © Crédit photo : Emmanuel Commissaire. https : //media. sudouest. fr/2193482/1200x-1/photo-moto-electrique-1000. jpg