« Nous assistons à l’émergence d’une nouvelle discipline »
Mini entretien avec l’équipe Les Athlètes du Bien-être Pascal Souvestre et Yannick Georgeault et de l’entreprise Sojasun et David Patry de Matra. Pour les « triplets de la Patagonie » l’expérience de faire une grande traversée en vélo électrique est une première sportive et et « une fenêtre sur le monde » pour la marque sponsor Matra.
Qu’est-ce qui vous a marqué lors de chaque étape?
Le changement de paysages nous a frappé mais plus encore les lignes droites de près de 100 kilomètres de long, qui font presque peur. Il n’y a personne ! Et l’on voit même la courbe de la terre tellement l’horizon est vide. Le retour en France va être bizarre, perturbant.
Ce grand vide horizontal provoque un sentiment de liberté ou d’angoisse ?
De liberté, sans aucun doute. Il s’agit d’une impression vraiment dépaysante par rapport à notre quotidien : nous ne sentons pas de pression et sommes fascinés par les paysages. Les départs le matin, vers 8 heures, sont les moments les plus beaux de la journée : le ciel prend des tonalités rose, en particulier le jour où nous somme partis de El Chaltén.
Le vent, qui souffle fort en Patagonie, est un problème?
Le vent tourne mais nous nous adaptons. Nous avons la chance qu’il ne s’agisse pas de bourrasques mais de vent en continu. Mais de toute façon, ça secoue ! L’étape de Rio Mayo à Gobernador Costa a été éprouvante.
Comment réagissent les gens sur votre passage ?
Les gens sont chaleureux. Est–ce que c’est l’effet vélo? Le fait de voir des bicyclettes au milieu de nulle part ? En tout cas, les voitures qui passent à côté de nous klaxonnent, nous saluent et font attention quand ils nous doublent. Nous n’avons pour l’instant eu aucune frayeur. C’est vraiment réconfortant. Nous avons l’impression d’avoir des supporters, ce qui est très sympa !
Est-ce que vous avez découvert des spécimens de la faune locale ?
Quelques-uns, même s’il n’y en a pas beaucoup de variétés ! Des guanacos à la pelle, et des choiques patagónicos (nandous de Darwin) avec lesquels nous avons même fait une course. Ils courent vite, à 45 km /heure ! En revanche, nous sommes étonnés de ne voir que très peu d’oiseaux à part quelques rapaces, mais en fait, il n’y a pas d’arbres… Le nombre de carcasses d’animaux morts sur le bord de la route, nous a aussi choqués, en particulier les carcasses de guanacos. Sinon, nous avons aussi croisés des mulitas (sorte de tatou) et des renards. Enfin, nous sommes ravis de voir qu’il y a très peu de déchets sur les bas-côtés mais avons découvert une déchetterie à ciel ouvert à l’entrée de Rio Mayo.
Au niveau technique, quels sont vos « challenges » ?
Nous venons de faire près de mille kilomètres. La route est en général très « propre », sans vibration, et non n’avons donc pas trop d’éléments qui se desserrent. Nous avons juste procédé hier à quelques serrages. Compte tenu de notre moyenne de 38,7 km/h, c’est une vraie performance ! Pour l’instant, nous n’avons aucune crainte ou problème, tout fonctionne comme il faut. Quand nous croisons des baroudeurs en vélo chargés de sacs, nous nous rendons compte qu’ils avancent très lentement, pas plus de 8 km/h. Sur des lignes droites de 100 km, cela doit être infernal !
Quel est votre bilan provisoire ?
Très positif, au niveau humain d’abord. Notre équipe est une vraie rencontre. Nous ne nous connaissions pas dix jours auparavant et maintenant nous formons un bon team.
Et nous sommes aussi touchés par le contact avec la population locale. Quand nous arrivons à une étape, les gens viennent nous voir, les gamins sont ravis de connaître les vélos, et nous les faisons monter sur les selles, faire un tour. Ce n’est que du bonheur !
Au niveau technique, nous avons conscience que nous assistons à l’émergence d’une nouvelle discipline, d’une nouvelle façon de concevoir les vélos. Les bicyclettes avec assistance électrique ne se conjuguent plus avec contrainte et la difficulté mais avec plaisir.
Comment fonctionne la logistique au quotidien ?
Nous sommes un peu autonomes car nous ne sommes pas soumis à l’obligation de la recharge partielle puisque nous avons nos propres batteries et nous gérons donc notre temps et retrouvons le reste des équipes aux étapes.